Et si ce que nous prenions pour des murs n'étaient que de simples voiles ?
Dans Du côté de chez Swan de
Proust, le narrateur raconte les deux promenades qu’enfant, accompagné de ses
parents, il avait l’habitude de faire. Lorsque le temps est incertain, ils sortent par la petite porte du jardin et se
dirigent vers le côté de Guermantes et son paysage de rivière. Et quand le temps est au beau fixe, ils partent pour une promenade plus longue du côté de Méséglise, ses fleurs odorantes et colorées et sa belle vue sur la
plaine.
Dans l’esprit du narrateur, ces deux côtés sont situés dans deux mondes et deux temps différents, éloignés et inconciliables. Pourtant, bien plus tard, il comprendra, de la bouche de la femme aimée, Gilberte, qu’il n’en est rien et qu’il est possible d’aller à Guermantes en prenant par Méséglise et que c’est d’ailleurs « la plus jolie façon ».
Dans l’esprit du narrateur, ces deux côtés sont situés dans deux mondes et deux temps différents, éloignés et inconciliables. Pourtant, bien plus tard, il comprendra, de la bouche de la femme aimée, Gilberte, qu’il n’en est rien et qu’il est possible d’aller à Guermantes en prenant par Méséglise et que c’est d’ailleurs « la plus jolie façon ».
Ce qu'écrit Proust sur les
séparations artificielles que nous créons, nous le connaissons tous. Une personne que je reçois en consultation me raconte combien le futur et l’incertitude qu’il recèle
l’inquiètent dans la sphère personnelle et stimulent au contraire sa curiosité
dans la sphère professionnelle. Une autre évoque sa difficulté à prendre la
parole en réunion et à s’affirmer et me raconte comment, chanteur d’un groupe
de rock, elle s’empare de la scène sans retenue. Une autre enfin s’endort avec
aisance pendant la sieste, sans enjeu pour elle autre que se faire plaisir, et
traverse en revanche des nuits d’insomnie, inquiète de sa fatigue du lendemain.
Nous avons bien souvent en nous
les ressources pour faire face mais ne savons pas, ou du moins pas encore,
comment les mobiliser dans certains contextes. Nous nous répétons l’histoire de
notre incompétence et finissons par y croire. L’hypnose aide à faire tomber les
barrières mentales et à créer des liens, des passages entre ce qui était, jusque-là, dans
notre esprit seulement, séparé. A aborder par exemple les nuits avec la même détente, le même plaisir qu’une
sieste d’après repas. Une réunion avec la même confiance qu’un concert. Un
projet personnel avec la même curiosité qu’un projet professionnel.
Et, comme le narrateur de Proust, après la discussion avec Gilberte, nous repartons avec une carte mentale légèrement différente, nous ouvrant des perspectives et une liberté nouvelles.